Le capital-investissement connaît un rebond significatif depuis la crise, offrant des perspectives prometteuses aux investisseurs. Cette forme d’investissement, également connue sous le nom de private equity, se concentre sur les entreprises non cotées en bourse, accompagnant leur croissance sur plusieurs années. L’année 2024 a marqué un tournant positif pour le secteur, avec une augmentation notable des investissements et des cessions.

Croissance remarquable des investissements en 2024

L’année 2024 s’est distinguée comme la troisième meilleure année de la décennie pour le capital-investissement. Les chiffres parlent d’eux-mêmes :

Cette reprise impressionnante contraste nettement avec l’année précédente, marquée par la plus forte baisse du secteur depuis la crise financière de 2008-2009. Guillaume Tobler, associé chez Bain & Company, souligne que « l’industrie a repris son souffle après une année 2023 compliquée ».

La normalisation des taux d’intérêt en 2024 a joué un rôle crucial dans cette relance. La baisse du coût de l’argent a facilité les transactions, stimulant donc l’activité du secteur. Et aussi, les opérations de sortie de cote par des acteurs privés ont contribué à dynamiser le marché.

Dynamique des cessions et enjeux de liquidité

Le marché des cessions a également connu une croissance significative en 2024, reflétant la vitalité retrouvée du secteur :

Indicateur Augmentation Valeur totale
Valeur des cessions 34% 468 milliards de dollars
Nombre de cessions 22% 1 470 opérations

Les ventes entre fonds de capital-investissement ont particulièrement tiré cette croissance, représentant 181 milliards de dollars. Pourtant, malgré cette amélioration, le volume des cessions reste inférieur à la moyenne des cinq dernières années.

Un défi majeur persiste : la liquidité pour les investisseurs au sein des fonds de capital-investissement. Les distributions en proportion de la valeur liquidative des fonds ont chuté à un niveau historiquement bas de 11%, contre une moyenne de 29% entre 2014 et 2017. Cette situation crée une pression croissante sur les gestionnaires de fonds pour accélérer les sorties et générer des retours sur investissement.

Levées de fonds : un marché en transition

Le secteur du capital-investissement fait face à des défis importants en matière de levées de fonds. L’année 2024 a marqué la troisième année consécutive de baisse dans ce domaine :

Les levées de fonds ont diminué de 24% en valeur, atteignant 1 100 milliards de dollars. Le nombre d’opérations clôturées a chuté de 28%, se limitant à 3 000 sur l’année. Ce rythme représente environ la moitié de celui observé avant la pandémie de Covid-19.

Cette tendance à la baisse entraîne une sélectivité accrue des investisseurs et un allongement des délais de levées. Les acteurs du marché privilégient désormais la qualité des opportunités d’investissement, un phénomène qualifié de « flight to quality ».

Malgré ces défis, certains acteurs parviennent à tirer leur épingle du jeu. Ardian, par exemple, a annoncé en janvier 2025 une levée record de 30 milliards de dollars pour un fonds d’investissement destiné au marché secondaire, démontrant que des opportunités substantielles existent toujours dans le secteur.

Perspectives pour 2025 et au-delà

Les analystes du secteur se montrent optimistes quant aux perspectives du capital-investissement pour 2025. Guillaume Tobler estime que « l’année 2024 annonce une année 2025 qui pourrait être un bon millésime avec un environnement général qui reprend des couleurs ». Le marché semble bénéficier d’un momentum positif, porté par une augmentation des transactions.

En revanche, plusieurs facteurs pourraient influencer la trajectoire du secteur :

  1. Les conditions macroéconomiques globales
  2. L’évolution des droits de douane, notamment aux États-Unis
  3. La capacité des fonds à générer des liquidités pour leurs investisseurs
  4. L’adaptation des stratégies d’investissement face aux nouvelles réalités du marché

La question des droits de douane suscite une attention particulière, notamment en raison des annonces et menaces d’augmentation émanant de l’administration américaine. Les acteurs du capital-investissement suivront de près ces développements, conscients de leur impact potentiel sur les valorisations et les opportunités d’investissement transfrontalières.

Au final, le capital-investissement montre sa résilience et son potentiel de croissance malgré les défis récents. L’année 2024 a marqué un tournant positif, avec une reprise significative des investissements et des cessions. Bien que des enjeux persistent, notamment en matière de liquidité et de levées de fonds, le secteur semble bien positionné pour capitaliser sur la reprise économique en cours. Les investisseurs et les gestionnaires de fonds devront rester vigilants face aux évolutions réglementaires et macroéconomiques, tout en adaptant leurs stratégies pour saisir les opportunités émergentes dans un paysage financier en constante évolution.

Cecile