Le secteur musical français connaît une croissance remarquable depuis plusieurs années. En 2024, le marché de la musique en France a franchi une étape historique en dépassant le milliard d’euros de chiffre d’affaires, confirmant une tendance positive qui dure depuis huit ans. Cette performance, annoncée par le Syndicat national de l’édition phonographique (Snep) le 11 mars 2025, marque un retour à des niveaux qui n’avaient pas été atteints depuis près de deux décennies.

Renaissance du marché musical français: analyse des chiffres record

La dynamique positive du secteur musical français s’est confirmée en 2024 avec une croissance de 7% par rapport à l’année précédente. Le chiffre d’affaires a ainsi atteint 1,031 milliard d’euros, un seuil symbolique qui n’avait plus été franchi depuis 2005. Cette progression s’inscrit dans une trajectoire ascendante continue depuis 2016, période qui marque la sortie de la crise provoquée par la numérisation et le piratage.

Depuis 2015, les revenus du secteur ont connu une hausse impressionnante de 58%. Par contre, malgré cette embellie, le Snep souligne qu’en tenant compte de l’inflation, le chiffre d’affaires actuel équivaut seulement à celui de 2007. Plus révélateur encore, il ne représente que 54% du niveau record établi en 2002, avant que l’industrie ne soit bouleversée par la révolution numérique.

Cette reprise économique s’accompagne d’une transformation profonde des habitudes de consommation musicale, comme en témoignent les investissements financiers des différentes générations dans la musique, qui révèlent des tendances étonnantes quant à la répartition des dépenses.

La répartition des revenus par format montre clairement les mutations du secteur:

Format Part de marché (%) Évolution 2023-2024 (%)
Streaming par abonnement 60 +11,4
Streaming vidéo 6,5 -1,2
Vinyle 9,7 +5,4
CD 9,5 -3,8

Domination du streaming et renaissance du vinyle

Le streaming s’impose définitivement comme le pilier central du marché musical français. En 2024, les services d’abonnement musical ont généré plus de 500 millions d’euros de revenus, franchissant pour la première fois ce cap symbolique. Cette somme représente désormais près de 80% des revenus totaux du streaming et affiche une progression annuelle de 11,4%.

Le nombre d’abonnés aux plateformes de streaming musical a également connu une hausse significative, atteignant 17,7 millions d’utilisateurs. Ce chiffre impressionnant signifie que plus d’un Français sur quatre est maintenant abonné à un service de musique en ligne. En revanche, le Snep note que cette pénétration reste inférieure à celle observée dans d’autres grands marchés comme le Royaume-Uni, l’Allemagne ou les États-Unis.

Le streaming vidéo, avec un chiffre d’affaires de 67 millions d’euros, marque en revanche un ralentissement pour la deuxième année consécutive. Le syndicat déplore que ces revenus demeurent « très faibles au regard de l’intensité de la consommation musicale sur ces services ».

Parallèlement à l’essor du numérique, le vinyle confirme son extraordinaire résurrection. Pour la première fois depuis son âge d’or, le microsillon a dépassé le CD en valeur avec près de 100 millions d’euros de chiffre d’affaires, en hausse de 5,4% sur un an. Plus impressionnant encore, les ventes de vinyles ont plus que doublé en cinq ans, témoignant d’un engouement croissant pour ce support physique vintage.

Les tendances d’achat par format se déclinent comme suit:

Succès de la production française et impact international

Le classement des meilleures ventes de 2024 témoigne de la vitalité de la scène musicale française. Pour la deuxième année consécutive, le rappeur Werenoi domine le top avec son album « Pyramide 2 », écoulé à près de 300 000 exemplaires. Il devance PLK et le groupe mythique Indochine, qui complètent le podium.

Dans le top 10 des ventes, on retrouve également Billie Eilish, Pierre Garnier, Zaho De Sagazan, l’album annuel des Enfoirés et SDM. Cette composition confirme la préférence des Français pour les productions nationales dans leurs choix d’achat musical.

L’année 2024 a également été marquée par l’impact des Jeux olympiques de Paris sur la visibilité internationale des artistes français. Aya Nakamura s’est particulièrement distinguée, tandis que le catalogue d’Édith Piaf a connu un regain d’intérêt considérable, notamment après l’interprétation mémorable de Céline Dion au sommet de la Tour Eiffel lors de la cérémonie d’ouverture.

Ce rayonnement international a contribué à renforcer la place de la France comme puissance culturelle mondiale et a généré des retombées économiques significatives pour le secteur musical national. La musique française, dans toute sa diversité, confirme ainsi sa capacité à séduire tant le public local qu’international.

Perspectives d’avenir pour l’industrie musicale française

Malgré ces résultats encourageants, le marché musical français fait face à plusieurs défis. L’écart persistant avec le niveau record de 2002 montre que la reconquête reste incomplète. En addition, la faible monétisation du streaming vidéo demeure un point de préoccupation pour les acteurs du secteur.

Les nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle et la réalité virtuelle ouvrent de nouvelles perspectives pour l’industrie musicale. Ces innovations pourraient transformer l’expérience d’écoute et créer de nouvelles sources de revenus dans les années à venir.

Le secteur peut également s’appuyer sur la vitalité retrouvée du marché physique, avec un vinyle en pleine renaissance et un CD qui conserve une base de fidèles. Cette complémentarité entre formats numériques et physiques constitue une force pour l’écosystème musical français.

Avec huit années consécutives de croissance et le franchissement symbolique du seuil du milliard d’euros, l’industrie musicale française prouve sa résilience et sa capacité d’adaptation. Si la tendance se maintient, le secteur pourrait continuer à se rapprocher progressivement des sommets historiques atteints au début des années 2000.

Cecile