Confronté à un problème de santé nécessitant un arrêt de travail pour maladie, vous vous interrogez probablement sur vos droits financiers. Quelles indemnités pouvez-vous percevoir ? Comment sont-elles calculées ? La compréhension du système d’indemnisation devient essentielle pour gérer cette période délicate. Entre les indemnités journalières de la Sécurité sociale et le complément versé par votre employeur, plusieurs mécanismes se mettent en place pour maintenir une partie de vos revenus. Passons en revue ensemble le fonctionnement complet du paiement pendant un arrêt maladie.
Conditions d’indemnisation pendant un arrêt maladie
Pour bénéficier des indemnités journalières versées par la Sécurité sociale, vous devez remplir certaines conditions qui varient selon la durée de votre arrêt. Pour les interruptions inférieures à six mois, vous devez avoir travaillé au moins 150 heures durant les trois mois civils précédant votre arrêt. Alternativement, vous pouvez justifier d’une cotisation sur une rémunération minimale équivalente à 1015 fois le SMIC horaire pendant les six derniers mois.
Pour les arrêts de travail dépassant six mois, les critères deviennent plus exigeants :
- Être affilié à un régime de sécurité sociale depuis au moins 12 mois
- Avoir travaillé minimum 600 heures durant les 12 mois précédents
- Ou avoir cotisé sur une base équivalente à 2030 fois le SMIC horaire sur cette même période
- Avoir transmis votre certificat médical dans les délais impartis
La transmission rapide de votre certificat médical d’arrêt de travail s’avère cruciale. Vous disposez de 48 heures pour l’envoyer à votre CPAM et à votre employeur. Le non-respect de ce délai pourrait compromettre vos droits à l’indemnisation.
Montant des indemnités journalières versées par la Sécurité sociale
Le calcul des indemnités journalières repose sur un principe simple : elles représentent 50% de votre salaire journalier de base. Ce dernier est déterminé en divisant le total de vos trois derniers salaires bruts par 91,25. Par exemple, si votre salaire mensuel brut est de 2000€, votre indemnité journalière s’élèvera à environ 32,87€.
Ces indemnités sont en revanche soumises à un plafond. Actuellement, il est fixé à 41,47€ bruts par jour. Une modification importante interviendra en avril 2025 : le salaire pris en compte pour le calcul sera plafonné à 1,4 fois le SMIC mensuel, contre 1,8 fois actuellement.
| Période | Plafond du salaire de référence | Indemnité journalière maximale |
|---|---|---|
| Jusqu’au 31 mars 2025 | 1,8 fois le SMIC | 41,47€ bruts/jour |
| À partir du 1er avril 2025 | 1,4 fois le SMIC | Montant réduit (estimation) |
N’oubliez pas que ces indemnités versées pendant votre arrêt de travail restent soumises aux prélèvements sociaux (CSG, CRDS) ainsi qu’à l’impôt sur le revenu.
Modalités de versement
La CPAM ou la MSA effectue le versement des indemnités tous les 14 jours. Le paiement intervient généralement par virement bancaire sur votre compte personnel.
Délai de carence et durée de versement des indemnités
Le délai de carence constitue une période initiale durant laquelle aucune indemnité n’est versée. Pour les arrêts maladie classiques, ce délai est de trois jours. Vous commencez donc à percevoir vos indemnités à partir du quatrième jour d’arrêt.
Certaines situations permettent d’un autre côté d’échapper à ce délai :
- Reprise d’activité inférieure à 48 heures entre deux arrêts maladie
- Arrêts successifs liés à une Affection Longue Durée (ALD)
- Congé maternité
- Accident du travail ou maladie professionnelle
Concernant la durée maximale d’indemnisation, le principe général limite le versement à 360 jours sur une période glissante de trois ans. Pour les personnes souffrant d’une Affection Longue Durée, cette durée est étendue à trois ans continus.
La prolongation d’un arrêt de travail nécessite un nouveau certificat médical. Sachez également que l’assurance maladie peut organiser des contrôles médicaux pour vérifier la justification de votre arrêt. Un avis défavorable pourrait entraîner la suspension de vos indemnités.
Indemnités complémentaires versées par l’employeur
En complément des indemnités journalières de la Sécurité sociale, votre employeur peut être tenu de vous verser une indemnisation supplémentaire. Cette obligation s’applique sous certaines conditions :
- Justifier d’au moins un an d’ancienneté dans l’entreprise
- Avoir transmis votre arrêt maladie dans les 48 heures
- Bénéficier des indemnités de la Sécurité sociale
- Recevoir des soins en France ou dans l’Espace Économique Européen
Certaines catégories de salariés sont exclues de ce dispositif : travailleurs à domicile, saisonniers, intermittents ou temporaires.
Le maintien de salaire par l’employeur s’effectue selon un barème progressif. Durant les 30 premiers jours, vous percevez 90% de votre rémunération brute, puis 66,66% les 30 jours suivants. La durée totale d’indemnisation augmente avec votre ancienneté.
Barème d’indemnisation selon l’ancienneté
| Ancienneté | Durée à 90% du salaire | Durée à 66,66% du salaire |
|---|---|---|
| 1 à 5 ans | 30 jours | 30 jours |
| 6 à 10 ans | 40 jours | 40 jours |
| 11 à 15 ans | 50 jours | 50 jours |
| 16 ans et plus | 60 à 90 jours | 60 à 90 jours |
Un délai de carence de sept jours s’applique généralement avant le versement du complément employeur. Toutefois, votre convention collective peut prévoir des dispositions plus favorables, tant sur ce délai que sur les montants versés.
Spécificités des accidents du travail et maladies professionnelles
Les arrêts de travail consécutifs à un accident du travail ou à une maladie professionnelle bénéficient d’un régime d’indemnisation plus avantageux. Aucune condition d’affiliation ou de durée minimale de travail n’est exigée pour percevoir les indemnités journalières.
Le paiement des indemnités intervient dès le lendemain de l’accident ou de la constatation de la maladie professionnelle, sans application du délai de carence. Leur montant est également plus favorable :
- Du 1er au 28e jour : 60% du salaire journalier de référence (maximum 235,69€)
- À partir du 29e jour : 80% du salaire journalier de référence (maximum 314,25€)
Le calcul du salaire journalier diffère également : il correspond au salaire brut du mois précédant l’arrêt divisé par 30,42, avec un plafond fixé à 392,81€.
Côté employeur, l’indemnisation complémentaire démarre dès le premier jour d’absence, sans délai de carence. Le maintien de salaire suit les mêmes règles de durée que pour la maladie, en fonction de votre ancienneté.
Cas particulier des travailleurs indépendants
Les travailleurs indépendants (artisans, commerçants, professions libérales) disposent d’un régime spécifique d’indemnisation en cas d’arrêt maladie. Pour en bénéficier, vous devez :
- Justifier d’au moins 12 mois d’affiliation continue
- Être temporairement incapable de poursuivre votre activité
- Disposer d’un arrêt prescrit par un médecin
- Avoir cessé temporairement votre activité professionnelle
Le montant des indemnités journalières équivaut à 1/730e de votre revenu d’activité annuel moyen calculé sur les trois dernières années civiles. Les plafonds varient selon votre statut : 60,26€ bruts par jour pour les artisans et commerçants, contre 180,79€ pour les professions libérales (tarifs 2023).
La durée d’indemnisation peut atteindre 360 jours sur une période de trois ans. Certaines professions libérales voient pourtant cette durée limitée à 90 jours. Face à ces limitations, la souscription à des assurances complémentaires comme le RSA pour les revenus faibles ou des contrats de prévoyance spécifiques peut s’avérer judicieuse pour sécuriser vos revenus.
Obligations et droits du salarié en arrêt maladie
Pendant votre arrêt de travail, vous devez respecter plusieurs obligations :
- Transmettre votre certificat médical dans les 48 heures à la Sécurité sociale et à votre employeur
- Suivre scrupuleusement les prescriptions médicales
- Rester disponible pour d’éventuels contrôles de l’assurance maladie
- Respecter les horaires de sorties autorisées (généralement 9h-11h et 14h-16h)
- Ne pas quitter votre département sans l’accord préalable de votre caisse
Le non-respect de ces obligations peut entraîner la suspension, voire la suppression de vos indemnités journalières. Dans certains cas, votre employeur pourrait même engager une procédure disciplinaire.
En contrepartie, vous bénéficiez de certains droits. Votre contrat de travail est simplement suspendu, non rompu. Vous êtes protégé contre le licenciement (sauf faute grave ou impossibilité de maintenir le contrat). Vous continuez également à acquérir des congés payés pendant les deux premiers mois d’arrêt et votre ancienneté est maintenue.
Formalités administratives et procédures
La gestion administrative d’un arrêt de travail implique plusieurs démarches essentielles. Vous devez d’abord consulter un médecin qui établira votre certificat d’arrêt. Seuls les formulaires CERFA sécurisés avec étiquette holographique sont désormais acceptés, les photocopies ou scans étant refusés.
Ce document comporte trois volets :
- Les volets 1 et 2 sont à envoyer à votre CPAM ou MSA
- Le volet 3, ne comportant pas d’informations médicales, est destiné à votre employeur
Votre employeur doit établir une attestation de salaire pour la caisse d’assurance maladie, document indispensable au calcul de vos indemnités. Il procédera ensuite au versement des indemnités complémentaires selon les modalités prévues par votre convention collective.
En cas de prolongation, une nouvelle consultation médicale est nécessaire avant l’expiration de l’arrêt initial. Le médecin établira alors un certificat de prolongation à transmettre selon les mêmes modalités.
Solutions complémentaires pour sécuriser ses revenus
Les indemnités journalières et le complément employeur ne compensent que partiellement votre perte de salaire. Pour éviter une baisse significative de revenus, plusieurs solutions complémentaires existent :
- Les contrats de prévoyance collective d’entreprise, souvent inclus dans votre package de rémunération
- L’assurance emprunteur comportant une garantie arrêt de travail, particulièrement utile pour maintenir le remboursement de vos crédits
- La garantie des accidents de la vie, couvrant les incidents de la vie privée
- Les assurances individuelles spécifiques arrêt de travail, adaptées à votre situation personnelle
Un arrêt de travail prolongé impacte également votre future retraite. Sachez que les périodes d’indemnisation sont prises en compte : chaque tranche de 60 jours d’indemnisation vous permet de valider un trimestre pour votre retraite, dans la limite de quatre trimestres par an.
Vérifiez vos couvertures existantes et n’hésitez pas à compléter votre protection si nécessaire. La prévoyance en cas d’arrêt maladie constitue un élément essentiel de votre sécurité financière.

